Lorsque j’ai découvert les jeux de carte oracle, j’y ai vu l’incroyable liberté d’expression que représentait leur processus créatif. Sans cadre symbolique particulier comme peut avoir le tarot de Marseille, l’oracle peut être le lieu de développement de n’importe quelle thématique et la manière dont on réalise les textes et les images est complètement libre. Seule la structure du jeu de carte et la thématique choisie donne un cadre et une direction. 

 

Fascinée par cela, je me suis demandé si tout un chacun pouvait réaliser son jeu de carte, quelle en serait la thématique ? Si ma mère, le boulanger de ma rue, la postière, telle amie pouvaient réaliser leur jeu de carte, quels aspects d’eux même ils y mettraient, qu’est ce que leur jeu révélerait de la profondeur de leur être ? 

 

A la suite de cette question, c’est naturellement que je me mis à écrire un processus de création, étape par étape pour réaliser un jeu de carte, puis, rapidement et afin de préciser le processus de création lui même, je commençais l’élaboration du mien. 

 

Je me donnais six mois pour réaliser mon jeu. J’eu besoin de plusieurs années. 

 

Déjà parce que le travail était double : créer mon jeu personnel d’un coté et écrire un processus clair et précis de l’autre. 

Mais aussi parce que l’élaboration de mon propre jeu allait apparaitre comme un véritable cheminement intérieur, qui me demanderait patience, écoute, discernement, exploration, réflexion, recherche, créativité.

Clairement, le jeu que j’étais en train de créer était une partie de moi, je me créais, me re-creais en quelque sorte à travers lui. 

Je ne pouvais pas rester en apparence, dans les couches superficielles. Le processus créatif me poussait naturellement à plonger dans les profondeurs de mon être afin d’y ramener la richesse contenue, faite de croyances en tout genre, de valeurs profondes, et surtout habité de symboles gardés amoureusement secret jusqu’à maintenant. 

 

J’eut alors la certitude que la création d’un jeu de carte oracle personnel pouvait intéresser beaucoup de gens, non pas pour l’intérêt qu’on porte aux cartes et à la pratique divinatoire qui l’accompagne souvent, mais pour le cheminement intérieur que cela ouvrait. 

 

Car la création d’un jeu de carte est une plongée intérieure. Nous plongeons en nous, et ramenons des éléments qui recèlent un mystère que nous désirons mieux connaitre. 

Nous cherchons à créer un jeu de carte, et le processus lui même est un jeu, à la fois philosophique et sensible.

 

Il ne s’agit pas ici de créer un jeu qui serait le simple remachage d’autres jeux, de concepts spirituels ou philosophiques. C’est une véritable réflexion et un regard sincère sur nos concepts, nos perceptions, nos croyances, ce que j’appellerai notre religion personnelle. Celle à laquelle on croit parfois quasi aveuglement, jusqu’à ce que nous la mettions en pleine lumière et commencions à la re-créer.

 

L’invitation ici, c’est de partir de nous, de ce que nous pensons, croyons, nourrissons. Je rappelle souvent aux stagiaires (et aussi à moi même!) de ne pas trop se perdre dans des recherches livresque poussées mais plutôt de partir de ce qu’ils ont en eux, et de toujours y revenir lorsque l’inspiration semble se tarir. 

 

C’est un jeu qui demande une réflexion, un dialogue avec soi et ses concepts, ses croyances. Mais ce n’est pas non plus un jeu seulement intellectuel. C’est l’engagement de l’ensemble de nos capacités : oscillant entre une réflexion intuitive, l' étude, le jeu et l’expérimentation comme un enfant, l’exploration sensible des mots, des idées, des formes et des couleurs. C’est le corps et l’esprit qui s’amusent ensemble à créer un objet-miroir.